Savoir-faireUn lettreur coloré ! Entretien avec Pierre Tardif

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Pierre Tardif est un être passionné et coloré. « Déjà, encore ti-cul, mon père me laissait aller aux courses de Stock Car à Val-Bélair. C’était juste à côté de chez nous. Je trippais sur les numéros et les lettrages des commanditaires peints à la main sur les autos. C’était dans les années 70. Ça m’a allumé ! Je me suis mis à peindre tout sur mon passage; mes Hot Wheels, mes modèles à coller, les murs de ma chambre… Je “peinturais” aussi mes tacots – pour les courses de boîtes à savons – au modèle de mes pilotes préférés. Tout part de là ! »

Pierre est un autodidacte. En 1980, alors qu’on n’enseigne pas spécifiquement le lettrage à l’école, il sait qu’il veut faire ce métier. Il apprend en regardant les enseignes d’autres lettreurs et pratique sa gestuelle en collaborant avec des lettreurs de métier, qui feront le choix au tournant des années 90, de s’orienter vers la production en découpe de vinyle. Époque oblige.

Pierre, lui, n’aime pas les « machines ». Mais avec l’arrivée des ordinateurs et s’il veut continuer à exercer son métier, il n’a d’autre choix que de revoir son mode de production. Il fera lui aussi le virage technologique mais cela ne durera pas. « Je ne voulais pas coller du lettrage de vinyle à longueur de journée. Je voulais travailler avec mes pinceaux et ma peinture ! »

Pierre exerce son métier de façon professionnelle depuis 1988. Entre 1995 et 2005, le marché de la vitrine promotionnelle est à son plein essor. Abonné à des revues américaines de Window Splash – c’est ainsi qu’on appelle cette forme de publicité où les messages sont peints directement dans la vitre et où souvent les couleurs fluorescentes prédominent – il adapte ce concept aux réalités du commerce québécois. Les demandes fusent de partout ; concessionnaires automobiles, grands magasins et les multiples chaînes de restauration rapide font appel à ses services. Ne pouvant suffire à la demande seul, il fait appel à ses anciens compétiteurs.

Parallèlement, il développe pour des grandes chaînes de restauration rapide un procédé de reproduction en sérigraphie sur des bannières grands formats. Ainsi, il peut « reproduire » son style de lettrage et réaliser ces enseignes en moins de temps. « Au lieu de lettrer pendant deux heures ça prenait 10 minutes à installer ! »

En 1975, un mouvement qui regroupe des lettreurs de partout à travers le monde est crée en Idaho, le mouvement Letterheads. Il se crée alors une réelle communauté internationale de lettreurs. En 2003, Pierre organise Letterheads in Québec City. Une centaine de lettreurs de différents pays viendront partager leurs trucs et savoir-faire. Il y côtoiera ses idoles, des lettreurs d’Écosse et d’Angleterre…

On l’invite régulièrement en Europe pour donner des ateliers. Récemment, un collectionneur de camions et des boulangeries outre-mer on fait appel à ses services. « Les européens aiment mon style plus commercial, plus américain. »

Combien reste-t-il de lettreurs professionnels au Québec ? « J’ai la prétention de dire que je suis probablement le dernier à faire ce métier à temps plein. Les autres le font à temps partiel. C’est un métier qui demande de la polyvalence et beaucoup de connaissances des matériaux. On est appelé à travailler sur différentes surfaces; du verre, du bois, de l’acier, de la tôle. Assis, debout, sur un escabeau ou sur un échafaudage à 15 pieds dans les airs. Je suis en train de lettrer les canots pour les courses sur la glace (j’en fais 10, 12 par année). C’est lourd et c’est gros ! J’ai dû adapter mon atelier pour ça ! »

Pierre a un besoin viscéral de lettrer. « C’est une littéralement une obsession ! Il me faut des pinceaux et de la peinture pour être heureux et je vis très bien de mon métier. J’ai juste peur que la “machine” prenne la place des humains… »

Voulez-vous en savoir plus sur ce métier rare ? Avez-vous envie de rencontrer Pierre et de le voir s’exécuter ? Rendez-vous dès 10h, le 27 septembre prochain à l’Église St.Mark. Nous l’avons invité dans le cadre des Journées de la culture qui a comme thématique cette année, les 1001 métiers de la culture. On vous promet une prestation haute en couleurs !

3 commentaires

  • Serge Beauregard

    9 août 2021 at 19 h 03 min

    J’ai 1 vieux camion à faire lettrer et faire des petits dessins sur 1 vieux Kenworth 1981

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    • Pierre Tardif

      23 février 2023 at 9 h 15 min

      Contactez-moi au 418-655-1521 -Pierre Tardif

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